Il était un petit navire

Un être humain, celui ou celle qui a été notre enfant, a besoin d’acquérir ou plutôt de conquérir son indépendance, c’est vital pour lui.

Non pas qu’il n’ait pas ou plus de reconnaissance envers nous, non bien sûr, mais il ne peut tolérer que ce soit nous ou quelqu’un d’autre qui dirige sa vie.

un-petit-navireJe compare souvent l’enfant à un petit navire qui vogue bord à bord avec les deux nôtres le temps de l’enfance. Sitôt ce cap passé son navire va hisser les grands voiles et suivre sa route en s’éloignant de plus en plus de ceux de ses parents.

Il nous faut faire confiance au Capitaine de ce nouveau navire, lui laisser prendre le large en l’assurant que nous ferons route vers lui dès le déclenchement de sa balise Argos.

Souvenons-nous comme nous ressentions, à notre époque, la proximité des navires parentaux comme contraignants, dérangeants… tu ne devrais pas faire comme ceci, mais plutôt comme cela… on les aimait bien ces deux capitaines d’une autre époque, mais leur manière de mener leur barque n’était pas la nôtre, peut-être par réaction, surtout même par réaction, je pense.

Lâcher prise c’est ce que nous, capitaines de nos vieilles coquilles de noix devons faire, cela ne veut pas dire être indifférent aux manœuvres de leur jeune goélette, mais leur faire confiance, leurs erreurs sont aussi formatrices, peut-être plus, que notre expérience de vieux bourlingueurs des mers.

Voguer au large de leur bateau tout en ayant un œil vigilant et discret sur la route qu’ils empruntent, pour pouvoir rapidement détourner la nôtre pour leur porter assistance, enfin s’il nous la demande ou s’ils acceptent notre proposition d’assistance.

Les vieux marins que nous sommes ne peuvent pas, ne doivent pas diriger le navire des autres, enfants, amis, connaissances… car nous ne connaissons pas la route qu’ils doivent prendre, qui est une route unique, qui peut croiser la nôtre l’accompagner un bout de chemin ou s’en séparer.

Soyons confiant, ils finiront bien un jour par sortir de ce maelstrom et reprendrons leurs chemins après avoir réparé les avaries causées par leur traversée initiatique.

Raymond MAGDELAINE

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