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Tic, tac…

Autrefois dans le salon trônait une pendule à balancier, qui égrenait les secondes avec son tictac lancinant et sonnait deux fois les heures et deux fois les demi-heures, pour bien nous faire sentir, je pense, que le temps s’écoule inexorablement comme de l’eau que l’on essaierait de retenir entres ses doigts mêmes bien serrés.

oeilhorloge
Tic, tac, tic, tac, …

Notre vie, ici-bas, commence par une naissance pour se terminer inéluctablement, par une autre naissance, dans l’au-delà, c’est du moins ce que mon esprit sûrement un peu simplet croit… tic, tac, nous dit la pendule du temps qui passe.

Pendant cette incarnation, je peux choisir d’être dans l’amour de soi et de mon prochain, ou au contraire d’être dans la haine ou l’indifférence (ce qui est pire), de soi et de mon prochain et passer mon temps, suivant mon choix, à vivre intensément ou à me plaindre constamment… des autres, bien sûr !

Peu importe, le choix ne concerne que celui ou celle qui le vit et chacun d’eux porte sa croix ;

  • pour l’un, elle semble, peut-être, plus légère,
  • pour l’autre, elle lui semble, sûrement, très lourde…

mais ne dit-on pas que l’on récolte ce que l’on sème ?

Dans les deux cas de figure, le temps continue d’égrener ses secondes, ses minutes, ses heures, ses jours, ses mois, ses années… au rythme immuable du tictac de l’horloge du salon… tic, tac, tic, tac

Un jour arrive l’heure de la dernière épreuve que nous subissons tous, ceux qui ont choisi d’être dans l’amour comme ceux qui ont choisi d’être dans la haine ou l’indifférence… c’est peut-être avec la naissance, la seule épreuve ou nous sommes « tout nu » sur le même plateau de la balance… que nous soyons riches ou misérables.

Alors tout seul, au milieu des nôtres impuissants, pendant cette dernière épreuve, nous sommes confrontés à notre bilan de vie, avec nos douleurs, nos peines, nos doutes, nos errements… et là, face à nous-mêmes pour unique juge, sans moyen de tricher, car on ne triche plus en face du destin de tout être humain, nous regretterons, mais un peu tard, comme le corbeau de la fable, de ne pas avoir essayé, d’avoir trop tardé à faire le premier pas, d’avoir trop tardé à lui dire je t’aime, de ne pas avoir su à temps lui demander pardon ou su pardonner à ceux qui, nous semble-t-il, nous ont offensés.

À ce moment-là on regrette que notre pendule s’arrête d’égrener ses secondes, comme on aimerait, à ce moment-là, que le temps suspende son vol, pour pouvoir dire ou faire ce que cette satanée pendule du salon nous incitait à faire ou à dire, tous les jours, sans arrêt, inlassablement, par son tictac, agaçant, obsédant, et que nous n’avons pas su décoder quand il en était encore temps.

  • Tic (pense à lui dire que tu l’aimes),
  • tac (pense à lui pardonner ou à lui demander pardon),
  • tic, tac (demain il sera peut-être trop tard pour le faire ou lui dire de vive voix)…
  • tic, tac, tic, …, …, …, le temps s’est arrêté… pour nous !

En Provence, s’il y a une pendule dans le salon, celui qui constate l’arrêt du souffle, signant l’envol de l’âme, immobilise le balancier de la pendule, pour suspendre symboliquement le temps !

Raymond MAGDELAINE