Pour mes amis impatients, ce nouvel extrait du Tome 2 du « Livre secret de Jeshua », en gestation…
Daniel Meurois
La demeure de Zakkaï se trouvait au coeur d’un assez riche domaine situé légèrement à l’extérieur de Jéricho, non loin du poste où les Romains avaient mis en place leur péage. Je me souviens avoir pris plaisir à parcourir sa plantation de cédrats. On pouvait y compter également des argousiers par dizaines… Je n’en avais pas vu d’aussi beaux depuis mes flâneries solitaires dans la montagne autour de Meruvardhana, du temps de Yosh-Héram.
Tandis que Taddée et Thomas se désaltéraient au puits, Myriam marchait à mon côté et moi je lui prenais la main sous l’œil stupéfait de Zakkaï qui gesticulait tout en vantant la générosité de ses arbres et arbustes.
- « Et toi, ferais-tu un bon argousier au milieu de ceux-ci ? » lui ai-je tout à coup demandé.
- « Un bon argousier ? »
- « Oui… Non pas abondant – cela je le sais – mais… généreux en fruits… »
Zakkaï a esquissé un étrange sourire, un peu gêné, puis nous a invités à profiter de l’ombre de sa maison. Cette dernière, plutôt vaste, était organisée autour d’une petite cour pavée et d’un bassin, le tout plus ou moins inspiré du savoir-faire des Romains.
Dans un angle autour d’une table basse de bois ouvragé, quelques gros coussins en cuir de dromadaire ornés de motifs multicolores nous attendaient… J’avais vu une domestique les y disposer à la hâte sur un claquement des mains du maître de maison. Nous nous y sommes tous assis même si, je le devinais, ma présence seule y aurait été souhaitée.
- « Rabbi… ainsi c’est notre montagne que tu as choisie entre toutes pour prier… Y as-tu vu le visage de Dieu ? »
- « Pourquoi l’aurais-je vu ? Il n’en a pas… ou alors Il se trouve juste derrière chacun des nôtres. »
Zakkaï afficha à nouveau le même sourire un peu gêné.
- « Beaucoup disent que tu es un prophète, alors je pensais que… »
- « Et toi, qui penses-tu que je sois pour tant avoir insisté afin d’être mon hôte ? »
- « Un prophète, Rabbi, bien sûr, un prophète ! »
- « Et que penses-tu qu’un prophète puisse t’apporter ? »
Ma question a laissé coi Zakkaï quelques instants.
- « Euh… une bénédiction, Rabbi, oui une bénédiction, bien sûr. »
- « Tu viens de trouver cela à l’instant ? Non, mon frère, ce n’est pas pour cela que tu m’as appelé et ce n’est pas davantage à cause de cela que je t’ai entendu. »
- « C’est pour quoi alors ? »
Dans l’espoir de faire diversion, le publicain a une fois encore claqué des mains et deux autres domestiques sont apparues, l’une porteuse d’une jolie aiguière de vin et l’autre d’un plateau de galettes et d’huile à la cannelle.
- « Je t’ai entendu, Zakkaï, parce que la plus grande part de toi ne veut pas passer à côté d’elle-même. Tu as vu toutes ces personnes en haillons qui tendent la main sur le sentier qui conduit jusqu’ici ? »
- « Elles sont là tous les jours… On dirait que c’est leur métier et qu’elles ne veulent pas en sortir. »
- « Connais-tu au moins leurs noms ? »
- « Mais… cela ne changerait rien, Rabbi… »
- « Alors, c’est bien ce que je pensais… Tu les vois mais tu ne les regardes jamais… parce que pour tes yeux, ces hommes et ces femmes, ces enfants aussi, ne sont « personne ». C’est exactement comme Dieu, dont tu voulais pourtant connaître le visage. Lui aussi, vois-tu, n’est « personne ». »
- « Il n’est pas « quelqu’un » ? »
- « Il est cette Terre, Il est le monde, Il est l’Univers et plus encore. Et c’est pour cela qu’Il vit dans chacun de ceux que tu ne regardes pas… et qui, justement, te parlent de Lui puisqu’ils ne sont « personne ». Serais-tu sourd en plus d’être aveugle ? »
Daniel Meurois
( Extrait du tome 2 du « Livre secret de Jeshua » )
Parution prévue pour l’automne 2017