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La saga d’un vénérable chêne

MerlinHep ! Toi qui passes sur le chemin, juste à côté de moi… oui toi ! Arrête-toi, tu as l’air épuisé mon frère  !

J’ai envie de faire une halte, je vais me reposer à l’ombre de ce très vieux chêne !

Ne t’apitoie pas trop sur mon apparence, mon frère homme, elle est le résultat effectivement d’une très longue vie ici-bas et aussi d’une très longue lignée de chênes blancs.

Approche-toi !

Je vais m’assoir sur cette curieuse branche basse incurvée comme un fauteuil !

Oui, assieds-toi à mon pied, je vais te raconter toutes les choses merveilleuses, que ma lignée a vécues ici tout au long de son existence et nous a transmises, dans cette forêt qu’un de mes lointains aïeuls à vue naître je vais te révéler le plus « grand secret » celle de son origine.

Je suis fatigué par ce pèlerinage, il faut que je ferme les yeux quelques instants !

Oui ! ferme tes yeux si tu veux, mais écoute-moi attentivement…

MoussesIl était une fois un gland ordinaire, apporté à proximité d’ici par un écureuil, qui l’avait enterré là avec peut-être l’intention de revenir le manger plus tard, lorsqu’il revint, il ne trouva plus à la place, qu’une toute petite pousse du chêne majestueux qu’il allait devenir…

Au début, cette jeune pousse s’est sentie un peu seule, avec pour uniques voisins quelques touffes de lichens, de mousses, de petits insectes et des vers qui fouillaient consciencieusement le sol.

L’écureuil, devenu son ami, est revenu souvent dans le secteur, avec, dans ses bajoues, des glands des noisettes et d’autres graines d’arbres, qu’il enterrait aux alentours de la jeune pousse.

… Tu m’écoutes toujours !

Hum ! Quelqu’un a parlé… personne dans les environs… j’ai dû rêver…

Je continue… mon aïeul lui demanda : pourquoi ne viens-tu pas plus souvent pour les manger ?

Ecureuil L’écureuil lui répondit, ma voie n’est pas de me constituer un garde-manger, mais de semer la vie là où elle ne prospère pas encore, je ne prélève, strictement que ce dont j’ai besoin.

Et toi ! reprit-il, qu’elle est ta voie ?

Je ne sais pas bien… tu sais je suis encore jeune, pour l’instant je m’enracine profondément dans le sol, afin de consolider ma position qui est très exposée aux éléments, et je crée un réseau horizontal de racines, pour mes communications futures avec les autres arbres que tu es en train de semer et les autres formes de vie qui vont s’y implanter…

Je suppose que ta collaboration avec celle du petit monde qui grouille à mes pieds pour fabriquer l’humus nécessaire aux autres formes de vie va contribuer à créer un écosystème équilibré où pourra se développer, croître et y prospérer toute une riche biodiversité sur un sol pour l’instant très austère.

Nous y contribuons effectivement, du mieux que nous pouvons, répondit son ami, je continuerais à planter une grande majorité de tes glands ainsi que les graines des autres arbres là où tes feuilles et celles des autres auront transformé le sol en bel humus, propice à leur germination.

Tu es en quelque sorte, reprit l’écureuil, le « père fondateur » de cet embryon de forêt. Au fait qu’elle est ton Nom ?

Je m’appelle « Merlin » et toute ma lignée portera le même Nom !

Enchanté Merlin de t’avoir permis de croître ici, au fait, sais-tu pourquoi il est important qu’une forêt pousse en ce lieu désertique à plus de sept cents mètres d’altitudes au pied d’une barre abritant une « Baume ».

Monastère de la Saint-Beaume

Le Mistral a « hurlé » à mes oreilles qu’il fallait préparer ce lieu pour y accueillir une « femme » qui viendra d’au-delà des mers transmettre sur ces terres en friches la sagesse d’un certain Yeshoua… Marie Madeleine, elle s’appellera, m’a « susurré » le doux zéphyr !

Oh ! alors, activons-nous, car le temps nous est compté !

Voilà, et depuis tout ce temps, vois-tu, nous sommes une longue lignée de chênes Merlin à veiller sur ce lieu devenu sacré, où de nombreux pèlerins, comme toi, vienne s’y régénérer, nous sommes en quelque sorte les gardiens d’une des nombreuses sources de cette planète ou tu peux remplir ta coupe de Sa Lumière régénérante !

Oh ! Je crois que je viens de m’assoupir, je me rappelle vaguement avoir fait un rêve étrange !

Non mon ami, rassure-toi, tu n’as pas rêvé, c’est bien moi Merlin le vieux chêne auprès duquel tu es assis qui viens de te parler dans ta tête, je suis comme tous ceux de mon espèce télépathe et les plus éveillés d’entre vous ont la capacité de nous entendre, comme toi !

Que ton pèlerinage dans ce sanctuaire mon frère humain réponde à ta quête de croissance, je suis enchanté de t’avoir offert un temps l’hospitalité sous ma ramure !

Merci infiniment, Merlin, à bientôt…

Raymond MAGDELAINE