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Alzheimer

« Il ou elle ne me reconnaît plus ! Il ou elle ne s’intéresse à rien ! Il ou elle ne communique plus… »

Et bien d’autres affirmations du même acabit, ponctuent, très souvent les ressentis des parents ou des visiteurs de ceux ou de celles qui ont « la maladie d’Alzheimer ».

Dans les maisons de retraites, en général, mais il y a des exceptions, on les « parque » dans des lieux appelés pudiquement « section Alzheimer », où ils végètent loin du « regard » des autres, ou plutôt de « la peur » qu’ils nous inspirent, en leur corps défendant, par simple projection !

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Ne te fie pas aux aux apparences, fie-toi en ton cœur !

Je voudrais ici évoquer quelques exemples pour essayer d’ouvrir les consciences de ceux qui ont des parents avec cette pathologie, qui d’après l’un de mes amis « administrateur », de la Maison Saint Vincent, fait peur !

Maman avait cette pathologie, j’avais ce sentiment qu’elle ne me reconnaissait plus.
Un jour avec celle qui m’accompagne et ma fille nous nous sommes rendu dans cette unité close où était parquée Maman, ma fille est tombée dans les bras de sa grand-mère qui lui faisait plein de bisous, elle est « bisouillarde », disait-on chez-nous, lorsque je me suis approché d’elle pour l’embrasser, elle m’a regardé comme si j’étais un étranger, c’est du moins l’impression que j’avais, ma fille qui avait remarqué ma peine du moment me dit « Papa enlève tes lunettes », ce que je fais les yeux emplis de larmes irrépressibles, et là j’entends Maman dire « Oh ! Mon grand ! »

Mis à part ceci, ils ne reconnaissent personne ?

Un autre jour, à la maison Saint Vincent, nous assistions à une petite fête qui réunissait les familles et les parents, une dame étiquetée Alzheimer, à la même table que nous, réunissait, en apparence, tous les traits de caractère de cette maladie, c’est ce que je croyais aussi, jusqu’au moment où assise à ma gauche, mon petit-fils de trois ans assis sur mes genoux, je l’entends dire d’une manière très intelligible, “Mon Dieu qu’elle est belle cette petite fille !”, surpris par sa lucidité, je me tourne vers elle et je lui réponds “Ce n’est pas une petite fille, mais un petit garçon” elle rétorque “Mon Dieu qu’il est beau !

Mis à part ceci, ils ne communiquent plus intelligiblement avec quiconque ?

Un de mes amis qui a été, non sans douleur, obligé de mettre sa maman dans une maison de retraite passe très régulièrement, avec d’autres personnes de sa famille, la visiter, me disait “Elle ne me regarde pas, ne répond pas à mes questions, elle semble être hors du temps et de l’espace, tout en étant pendant cette période très calme et très détendue… jusqu’à ce que je l’embrasse et lui dise, Maman je reviendrais te voir tel jours avec ta petite fille.” Elle entre alors systématiquement dans un état de crise aiguë, qui d’après les aides-soignantes serait son état normal.
Elle est donc cataloguée par l’institution comme étant “agressive” ce qui lui vaut, comme aux autres, d’être “enfermée” dans cet espace réservé à Alzheimer !

Mis à part ceci, ils ne se rendent pas compte de la présence de ceux qui les aiment ?

Je n’avais que ce petit panel d’exemples à vous soumettre, qui m’interrogent dans le cadre de mon accompagnement bénévole dans les maisons de retraite, jusqu’à ce que je tombe, comme par hasard, sur une vidéo (voir le lien ci-dessous) qui présente une initiative, mise en œuvre, dans un espace réservé aux cas évoqués ici, où un thérapeute, bénévole, présente une thérapie surprenante, basée sur la musique, une sorte de musicothérapie, qui produit sur les “malades” des réactions étonnantes !
Qui me font penser que la solution de l’enferment ne leur profite pas, mais est un moyen qui profite peut-être à la quiétude de l’institution, ceci n’est pas un jugement sur les institutions qui le pratique, mais un appel à leur “ouverture de conscience !”

Nul n’est à l’abri de cette pathologie…

Personne ne souhaite être enfermé comme un “pestiféré dans un espace psychologiquement clos” , où si vous observez bien sur cette vidéo, leurs regards, leur corps, leurs attitudes… en disent beaucoup plus qu’un long discours sur leur détresse.

Ne te projette pas dans tes peurs, porte simplement un autre regard sur les autres !

Tout le monde a le droit de vivre cette dernière transition, dans des conditions humaines les plus ouvertes sur les autres et lieux où ils résident, toutes les institutions devraient avoir comme “devoir” principal de trouver un espace “ouvert” pour ceux qui semblent se couper de nous et que nous isolons encore plus, par ignorance, notre “jugement erroné”, nos “comportements” ne sont que la projection de nos peurs, peur de la mort, notre peur de souffrir, notre peur de ne pas oser dépasser nos peurs !

Raymond MAGDELAINE