La chenille et le papillon

Il était une fois, deux chenilles, la vieille Ernestine et la très jeune Jeanne, qui étaient lié par une amitié profonde et sincère.

Ernestine enseignait à la jeune « Jeannette » comme elle la surnommait affectueusement, tout ce que devait connaître une jeune chenille, pour lui éviter de tomber dans les pièges de la vie des chenilles et lui permettre aussi de reconnaître parmi toutes les jeunes pousses dont elles se nourrissaient, celles qui étaient les plus savoureuses.

Jeannette, était très heureuse d’avoir comme amie une chenille aussi instruite qu’Ernestine, mais elle était aussi très inquiète pour sa meilleure amie, car elle trouvait depuis un certain temps déjà qu’elle s’essoufflait rapidement, qu’elle était plus lente dans sa progression et que tout son corps d’ordinaire aussi souple que le sien était plus rigide, voire même par moment plus douloureux, même si Ernestine ne s’en plaignait jamais.

Ernestine en rigolait au contraire pour rassurer sa jeune amie en lui disant que c’était normal à son âge, qu’il ne fallait pas s’en inquiéter, parce que ce qui lui arrivait arrivait aussi à toutes les chenilles, quelle que soit leur espèce.

Elle disait en riant aux éclats, « C’est la vie Jeannette, c’est la vie que j’ai choisi de vivre, c’est la vie que j’aime vivre ! ».

Un matin en allant à la rencontre d’Ernestine, Jeannette a trouvé son amie complètement immobile, suspendue à l’une des branches d’une espèce de plante aux jeunes pousses très savoureuses.

Ernestine semblait y économiser son souffle en ne disant à Jeannette que l’essentiel, « Je vais bien, je ne souffre pas. », « Il y a autre chose après, tu sais, quelque chose de grandiose. », « N’aie pas peur, regarde-moi, je n’ai pas peur, j’ai confiance ! »…

Jeannette, n’a pu, malgré les paroles rassurantes d’Ernestine l’accompagner jusqu’au bout de ce qu’elle percevait, elle, comme un chemin de croix, c’était au-dessus de ses forces.

Jeannette n’a donc pas assisté à la métamorphose d’Ernestine, à sa renaissance.
Elle a toujours cru que sa meilleure amie était « morte à tout jamais » et à cause de cela son chagrin fut immense, très douloureux, son deuil très long…
Ernestine lui manquait cruellement et sa vie n’avait plus la même saveur, la même joie. Des nuages gris obscurcissaient ses pensées lorsqu’elle évoquait celle qui fut sa meilleure amie.

Un jour alors que Jeannette se régalait de la saveur d’une de ces nombreuses plantes qu’Ernestine lui avait fait découvrir, un drôle d’insecte muni d’immenses ailes très colorées, se posa à côté d’elle, et lui dit d’un ton enjoué « Bonjour Jeannette ! ».

À la limite de la terreur, Jeannette s’entendit lui répondre, « Comment connais-tu mon nom, je ne te connais pas toi ! ».

Le grand papillon lui répondit, « Bien sûr que si tu me connais, je m’appelle Ernestine, et comme toi, j’ai été chenille, et comme moi tu deviendras ce magnifique papillon majestueux que je suis devenu ! »

« Et bientôt, très bientôt, nous redeviendrons amies, et là tu me reconnaîtras ! »

Raymond MAGDELAINE

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