On ne nous dit pas tout

Je cherche, je cherche toujours… et en cherchant bien, je pense avoir trouvé, les raisons pour lesquelles Myriam de Magdala se fait si discrète dans les évangiles canoniques et dans les autres aussi, ce n’est pas moi qui le dit, mais Roland Hureaux normalien, agrégé d’histoire et auteur d’un essai « Jésus et Marie-Madeleine » parue aux éditions « Perrin ».

Ma chronique du jour, un peu spéciale au niveau de sa présentation, va utiliser quelques « extraits » significatifs de son ouvrage, avec mes commentaires « entre guillemets et en italiques », pour bien les dissocier.

Extrait 1 :

Que Jésus-Christ ait pu avoir, au cours de sa vie publique, et même à l’aube de sa vie « glorieuse », une confidente privilégiée, au même titre, voire davantage, que les apôtres fut difficile à admettre tout au long de la tradition chrétienne. Sans doute parce que c’est une femme, mais surtout parce que cette femme avait été une grande pécheresse.

Ma thèse

« Dans ce premier extrait, l’auteur laisse entendre que c’est la “grande pécheresse” plutôt que la “femme” qui en serait la cause !

Je veux bien l’entendre, mais me refuse à l’admettre, car dans tous les évangiles, canoniques apocryphes ou agnostiques, la femme n’est considérée que comme l’unique responsable du crime “d’adultère” considéré par Loi de Moïse comme l’un des plus grands péchés conduisant inéluctablement ceux qui en sont les auteurs à la “lapidation”. Je ne fais que constater que dans tous les Évangiles ce crime n’est attribué qu’aux femmes !

Jésus qui rencontre sa première Marie, “La pécheresse de Galilée” lui évite d’être lapidée par des pharisiens (ce sont des spécialistes de la Loi de Moise) lui tendant un piège pour tester ses connaissances de la loi. En ramassant une pierre qu’il leur tend leur disant “que celui qui parmi vous n’a jamais péché lui jette la pierre” les prenants ainsi à leur propre piège. Preuve s’il en fallait une que le péché n’est pas l’apanage des femmes ! »

Extrait 2 :

Le meilleur moyen d’écarter cette hypothèse est de faire disparaître la Madeleine, en tous les cas de la faire éclater. C’est à cela qu’aboutissent tous ceux pour qui la pécheresse de Galilée, Marie, sœur de Marthe et Marie de Magdala sont trois personnages différents […] cette dernière demeure le premier témoin de la Résurrection, et deux évangiles sur quatre rappelle à cette occasion que c’est cette Marie qui avait été délivrée de sept démons, qu’elle avait donc été impure. […] la figure de Marie de Magdala s’estompe singulièrement : autant dire qu’on ne sait à peu près rien sur elle. Et Marie de Béthanie peut apparaître sans scandale comme la confidente privilégiée du Christ puisque rien dans les Évangiles ne laisse à penser qu’elle avait été une pécheresse !

Ma thèse

« Dans ce second extrait, l’auteur en rajoute une couche sur Myriam de Magdala en précisant que deux des Évangiles canoniques la désignent comme impure, car elle a été habitée par “sept démons” (rien que cela !) la privant d’office de pouvoir être présentée comme étant la confidente privilégiée de Jésus.

Après l’exclusion de la Marie “la pécheresse de Galilée” et celle de Marie de Magdala, il ne reste plus, comme étant une évidence irréfutable, que Marie de Béthanie pour être la confidente privilégiée  et “sans scandale”  du Christ !

Mais pour moi cette “évidence” pose problème, car l’auteur la désigne bien ici comme étant de “Béthanie”, comme sa sœur Marthe et son frère Lazare, je vais dont reproduire ci-dessous deux autres extraits tout aussi parlant que les deux premiers, pour revenir ensuite sur l’exposé de mon point de vue. »

Extrait 3 :

[…] si l’on en croit « La légende dorée » (1) : Marie surnommée Magdeleine, du château de Magdalon, naquit dit Voragine, de parents les plus illustres, puisqu’ils descendaient de la race royale. […] Ils se partagèrent leurs biens de cette manière : Marie (sœur de Lazare et de Marthe) eut Magdalon d’où elle fut appelée Magdeleine […].

Extrait 4 :

Au sujet des apocryphes : […] Contrastant avec la sobriété des Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, leurs récits possèdent un caractère fantaisiste ou merveilleux évident […] l’autre déception réservée par les apocryphes est qu’ils parlent en définitive assez peu de Marie Madeleine.

Au sujet des sources médiévales : Une attribuée à Raban Maur […] l’autre à Jacques de Voragine « La Légende dorée » […], mais comme nous ne connaissons pas les originaux (de ces deux sources) il est difficile de s’y fier.

Ma thèse

« Dans ce troisième extrait, l’auteur pour appuyer le surnom de Madeleine à celle qu’il nomme, un peu plus haut, de Béthanie, utilise un texte extrait de « La légende dorée », dont il dit lui-même dans l’extrait 4 « qu’il est difficile de s’y fier » !!!

Dans l’extrait quatre, il fait ressortir le caractère fantaisiste ou merveilleux d’Évangiles non retenues par l’Église et qui en fait ne l’évoque guère plus que dans les évangiles canoniques.

De là à conclure, de mon point de vue, qu’on a sciemment effacé les origines de Marie de Magdala des textes des quatre évangiles canoniques, il n’y a qu’un pas que je vais franchir, n’en déplaise à l’Église apostolique et romaine.

Pourquoi oserais-je ce blasphème ?

Principalement parce que dans ces quatre évangiles on donne des précisions de lieu et de périodes très précises concernant tous les apôtres hommes, vous allez me dire, mais on y donne aussi des précisions sur certaines femmes comme Marie la mère de Jésus, comme Élisabeth sa sœur, ou comme Marie sœur de Marthe et de Lazare, tous trois de Béthanie.
Oui, mais alors comment expliquer que ceux qui ont écrit ces quatre évangiles aient pu omettre ceux concernant Myriam de Magdala (petit village proche de Capharnaüms), pour moi il y a dans le livre de l’auteur suffisamment de présomptions lourdes, même si  exempte de  preuve retranscrites dans toutes les évangiles, pour penser qu’on nous cache des choses, comme dans l’affaire du masque de fer ou toutes les preuves ont était effacées par l’innocent Louis le quatorzième !

Ce livre, qui cherche à trouver une quelconque relation entre Jésus et Myriam de Magdala, en fait s’arrange, sous la couverture de l’historien, à discréditer celle qui est devenue, malgré toutes les tentatives et contre Omissions et Dogmes, l’une des plus grandes disciples du Christ, si ce n’est pas la plus grande, en tous les cas à mes yeux ! »

Conclusion

Voilà, il fallait que je le dise, je ne sais pas si c’est ce que voulais Myriam de Magdala, mais il m’a semblé que le dire c’était lui rendre toute sa place dans le rôle essentiel qu’elle a joué en propageant la foi chrétienne la plus pure, celle ou les mensonges et les cachoteries sont exclue. Une foi sans retouche ou omission volontaire et sans exclusive, cette foi se doit d’être rapportée telle qu’elle, c’est ce que voulait Jésus de Nazareth, c’est ce que veut toujours le Christ, qui continue d’ailleurs de s’adresser à des femmes, le plus souvent, comme à Dozulé, peut-être par manque de confiance en son église, mais qui pourrait lui jeter la première pierre ?

Qui ?

(1) La Légende dorée (Legenda aurea en latin) est un ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, qui raconte la vie d’environ 150 saints ou groupes de saints, saintes et martyrs chrétiens, et, suivant les dates de l’année liturgique, certains événements de la vie du Christ et de la Vierge Marie.

Raymond MAGDELAINE

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