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ENTRE L’ÉGLISE LE TEMPLE

Une chronique de Daniel Meurois
La Vie vient toujours nous chercher là où ça nous démange. Elle nous touche immanquablement là où nous sommes le plus sensible. Et elle insiste…
Comme tous ceux qui sont attentifs à la façon dont se déroulent les choses qui font leur existence, je ne peux m’empêcher de jeter souvent un coup d’œil sur ce qui vient jalonner le parcours de ce que je nomme mon ¨engagement¨.

Et c’est assez significatif…

Dans le contexte de mon vécu et de mes recherches, au fil des décennies, j’ai été régulièrement mis en contact avec des personnes étant soit des scientifiques soit ayant une démarche privilégiant le monde scientifique.

Le but de ces personnes ? Prouver.

Prouver quoi ? Globalement l’existence ou non de la conscience – ou de la pensée – en dehors du corps et la survie ou non de cette conscience après la mort. Avec ma longue pratique des décorporations, je devais être en principe un bon sujet d’étude.

Quelle méthode utiliser pour cela ? Tout simplement me placer des électrodes sur le crâne reliées à je ne sais quelle machine – expérimentale ou non – et voir ce qui se passe sur des graphiques tandis que je m’appliquerais à sortir de mon corps.

Il paraît que cela aiderait à faire avancer ¨les choses¨.

Cette proposition, on l’a bien sûr faite à des quantités d’autres personnes. Certaines ont accepté, d’autres pas. Certaines expériences ont été probantes, d’autres non.

Cela a-t-il fait avancer les ¨choses¨ ? Non, assurément.

On en est toujours au même point. Après presque un demi-siècle de témoignages, parfois stupéfiants, et de recherches consacrées à ce qu’on appelle maintenant les EMI ( expériences de mort imminente ), après le fameux livre du Dr Raymond Moody et une quantité d’autres, c’est toujours le statu quo.

Même le Dalaï Lama, qui a accepté de se prêter au jeu, n’y a rien changé de notable. On n’en a pas fait grande publicité….

Non, il y a beau y avoir des millions de témoignages issus de toutes les cultures à travers le monde et d’innombrables expériences menées avec rigueur aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, ceux qui ont droit au ¨Chapitre officiel¨ en sont toujours à déclarer que rien ne prouve rien parce que « oui mais ceci… et peut-être que cela… ».

Bref, on fait du sur-place, même si on affirme que non. Bien sûr, les congrès succèdent au colloques, on se serre la main entre ¨spécialistes¨… et on en profite pour exclure des débats à venir quelques ¨amateurs¨ qui, par exemple, ont eu la témérité d’employer le mot ¨âme¨ dans leur exposé. Oui, je l’ai entendu… et, croyez-moi, cela suffit pour être excommunié de la communauté des gens sérieux. Rigueur scientifique exige et je conviens que la notion d’âme est floue. Il n’empêche…

Des spécialistes ? Pensez-vous réellement qu’il puisse y en avoir relativement à la mort ? Il y a les personnes, très, très nombreuses, qui ont vécu dans leur chair et leur intériorité les phénomènes qui y mènent, il y a les autres, celles qui étudient et aident avec écoute, respect et amour et, enfin, il y a celles qui mesurent, enregistrent, comptabilisent et font généralement tout pour ne pas sortir de l’orthodoxie, sauf exception rarissime. Donner éventuellement une occasion d’espérer… ça ne fait pas très sérieux. Et puis c’est dérangeant pour l’establishment.

Personnellement, après avoir consenti à faire quelques ¨démonstrations sauvages¨ au début de mes découvertes, j’ai toujours refusé de me prêter aux expériences de laboratoire et ce sera vraisemblablement toujours ma position.
Pour quelles raisons ?

D’abord pour celle que je viens d’exposer. Autrement dit parce que cela n’aboutit à rien et que, si on veut vraiment faire avancer le regard porté sur la vie et la mort, eh bien… on a déjà largement de quoi le faire par la multitude et la diversité des témoignages recueillis.
Ensuite parce que la réponse à la question ne tient pas dans l’accumulation de données techniquement et officiellement recevables ni dans celle de témoins neutres et donc ¨non-suspects¨ mais dans un changement global des mentalités.

Enfin parce que lorsque je me trouve dans un état de décorporation, que je connais donc le phénomène du dedans, je sais intimement que je suis aux portes mêmes du Sacré et que ça, ça ne se mesure pas.

Ah… le Sacré ! Voilà un autre de ces mots qui disqualifient quelqu’un ! Le Sacré… ça n’a rien à voir avec ce paranormal qu’on aime tant disséquer pour en dégager de nouvelles lois qui rassurent.

J’ai parlé d’un changement de mentalités… Un tel changement passe sans doute par le fait d’accepter enfin qu’il pourrait y avoir un ou des domaines au sein desquels ce qu’on appelle la Science ne peut pas pénétrer, tout au moins tant qu’elle sera ce qu’elle est aujourd’hui.

Ce que je veux dire ? C’est qu’actuellement, l’énorme édifice qui porte le nom de Sciences n’a fait, ni plus ni moins, que remplacer subrepticement la non moins énorme cathédrale que représentait hier encore l’Église, toutes tendances confondues.

Les choses sont facilement décodables…

Autant nous avons été conditionnés et soumis pendant des millénaires aux dogmes et aux pétrifications de l’Église, incapables d’autonomiser notre pensée, autant nous sommes entrés dans une ère où nous observons une attitude analogue face au Temple de la Science et à son indiscutable souveraineté.

Ainsi, si au cours de siècles passés nous avons déclaré : « C’est contraire aux commandements de l’Église » sans vouloir chercher plus loin, aujourd’hui, nous trouvons tout naturel d’affirmer : « Ce n’est pas scientifique ! ».

Nous avons simplement ¨changé de Bon Dieu¨. Nous avons troqué l’un contre l’autre.
Quant à nous, avons-nous changé ? Fondamentalement, je veux dire.

Dans d’autres termes, sommes-nous plus mûrs ?

À en juger par nos réactions courantes, nos rétractions et nos peurs diverses, la globalité de nos rapports à la vie et l’état de notre monde, un peu sans doute et malgré tout… Mais insuffisamment en tout cas pour que l’espoir, l’amour et l’ouverture de conscience qui habitent certains prennent le dessus et puissent s’exprimer en public avec un véritable micro.

Ne croyez surtout pas que je veuille entretenir ici le vieux débat stérile opposant la Science et l’Esprit. Ce serait stupide.

Je n’ai rien de particulier contre la Science dont, comme tout le monde, je bénéficie des découvertes tandis que je ne cesse depuis longtemps de dénoncer les mensonges des religions et leur aspect manipulateur.

Ce que je refuse cependant, c’est d’accorder la suprématie systématique et aveugle aux chercheurs scientifiques. La Science n’a pas à être rendue aussi omnipotente et ¨régulatrice de la juste pensée¨ que l’a dramatiquement été l’Église durant trop de siècles.
Pas plus qu’à cette Église, je ne lui accorde le droit d’être le filtre déterminant et obligatoire de ce qui est et de ce qui n’est pas. Il peut y avoir tout un abime entre l’exactitude mathématique d’un ensemble de données et l’expression de ce que j’appelle l’Intelligence de la nature de l’Univers dont la Mathématique est, quant à elle, hors de notre portée.

Aujourd’hui, à l’heure où il nous faut redéfinir tant de choses, il y a peut-être un nouveau courage qui naît ou en tout cas qui devrait naître au cœur de notre société si on veut que celle-ci bouge, vraiment, c’est-à-dire qu’elle s’éclaire de l’intérieur.

Ce courage-là doit être dans le fait d’oser se positionner à la fois hors du Temple des ¨scientifiques à tous crins¨ et hors de l’Église des ¨prêtres verrouilleurs¨.

Je ne nierai évidemment pas qu’au sein de ces deux ¨partis¨ il existe des êtres de qualité, des hommes et des femmes d’exception qui ont beaucoup apporté ou apportent encore beaucoup à l’Humanité. Je les respecte indiscutablement.

Ce que je cherche à dire, c’est qu’il faudrait que nous apprenions enfin à penser par nous-même et à éprouver par nous-même, sans déléguer notre rapport à la vie à la ¨Croyance globale dominante¨ de notre époque, comme on obéit à une mode.

Est-il si irrationnel que cela d’avoir foi en l’existence de la conscience en dehors du corps et en la réalité de l’âme ?

Ce ne l’est certainement pas plus que de continuer à croire, par automatisme et conformisme, en la rationalité de ceux qui ont mené notre monde là où il se trouve aujourd’hui… si souvent bourré d’anxiolytiques et saturé d’aberrations.

Quelqu’un a dit un jour : « Il paraît que notre monde est dirigé par des personnes intelligentes et responsables. Si c’est vrai, alors je préfère rester idiot ». Je suis bien d’accord avec lui…

Mon idiotie à moi, c’est de parler de mon vécu ¨improuvable¨ et d’affirmer la réalité de l’âme ainsi que la survie de celle-ci après la mort.

Peut-être que cette idiotie non scientifique fait grandir un certain nombre de ceux qui me lisent et m’écoutent… C’est ce qu’on me dit souvent et j’ose le croire… même si, hélas pour certains autres, cette croissance intérieure n’est pas prouvable non plus.

Il y a des ¨choses¨ comme ça, qui poussent à l’intérieur de soi et qui nous rendent plus forts. Ce sont toujours les plus belles. Il faut les oser.

Bon, ça y est… là, si ce n’était pas déjà fait, je viens vraiment de me barrer archi-définitivement de deux milieux, celui des éprouvettes et celui du « goupillon ».

Daniel Meurois